À l’occasion du 15 août, les dominicains souhaitent vous parler de l’Assomption en y apportant un regard théologique. Pour cela, nous donnons la parole au frère Rémi Chéno qui connaît bien le sujet des fêtes mariales. En effet, il a publié en mai 2022 « Marie, icône de l’Église » aux éditions du Cerf.
La fête mariale par excellence ?
Selon fr. Rémi, il n’y a pas de « fête mariale par excellence »… mais l’Assomption est sans doute la fête mariale qui en France remporte le plus de succès, d’autant que les catholiques ont la chance que le 15 août soit férié en France. Il y a tout de même un élément qui fait de l’Assomption une fête à part…
Une fête à part
Concernant l’Annonciation, fr. Rémi nous expliquait précédemment que ce n’est pas à proprement parler d’une fête mariale, même si la Vierge Marie y est bien présente, mais plutôt une fête du Seigneur. C’est en effet « en premier lieu l’annonce de la venue du Seigneur parmi les hommes ». En revanche l’Assomption est bien spécifiquement une fête mariale, qui concerne Marie directement, ce qui en fait « la fête catholique par excellence ». En effet, les Églises issues de la Réforme protestante ne célèbrent pas cette fête.
Le dogme de l’Assomption de Pie XII
« Ce qu’il y a d’original dans l’Assomption c’est qu’il y a un dogme qui a été défini en 1950 par Pie XII qui engage l’infaillibilité dont jouit le Pape dans certaines circonstances » explique fr. Rémi.
Voici ce que dit le texte du dogme : « par l’autorité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, des bienheureux apôtres Pierre et Paul, et par notre propre autorité, nous prononçons, déclarons et définissons comme un dogme divinement révélé que Marie, l’Immaculée Mère de Dieu toujours Vierge, à la fin du cours de sa vie terrestre, a été élevée en âme et en corps à la gloire céleste ».
Dormition versus Assomption
Fr. Rémi fait remarquer que la manière dont Marie a achevé sa vie terrestre n’est pas précisée. « Il y a un débat entre l’Occident et l’Orient. Pour l’Occident, on parle de la mort de Marie. Elle meurt puis elle vit son Assomption : elle est élevée dans le ciel. Alors que pour l’Orient, la Vierge s’est endormie. Ainsi l’Orient préfère parler de la Dormition de la Vierge. Mais le dogme de Pie XII ne se prononce pas à ce sujet. Il laisse donc ouverte la compréhension de cette fête. »
Autres précisions
Par ailleurs, il souhaite revenir sur cette notion d’entrée dans la gloire céleste, corps et âme. « Premièrement, elle est élevée par Dieu contrairement à l’Ascension où c’est Jésus, le Fils de Dieu, qui monte de lui-même au ciel. Deuxièmement, le fait que cela concerne à la fois son corps et son âme est important, car en Marie s’explicite pour nous les hommes de façon plus évidente que notre corps autant que notre âme sont promis à la gloire du ciel puisque, pour elle, ce sont les deux qui y sont élevés. Notre condition charnelle n’est donc pas un obstacle à notre propre glorification. Avec l’Assomption de Marie, Dieu nous dit que notre corps comme notre âme sont promis à la gloire céleste. Voilà l’importance du message à entendre avec cet événement ».
Les promesses faites à Marie pour les hommes
« J’invite souvent les fidèles à réaliser qu’en Marie il nous est dit que nous sommes tous promis à la glorification. Certes ce corps que nous avons est fait pour mourir. Il se corrompt, il est de plus en plus vieux, de plus en plus fatigué, de moins en moins souple… On pressent pourtant que ce corps est promis à la vie éternelle et à la gloire de Dieu. Ce n’est pas que notre âme qui est promise à cela, mais toute notre personne. C’est un tout ! La fin dernière n’est pas que pour mon âme, mais pour tout ce que je suis. Il y a comme une unité de ma personne humaine qui est promise pour le ciel et pas seulement une partie : c’est ce que nous désigne l’Assomption de Marie !
Marie nous montre qu’il y a un sens à tout cela. Elle nous dit également qu’elle nous souhaite à tous ce qu’elle a vécu de façon toute spéciale elle-même… Elle nous dit aussi que c’est possible d’arriver à la gloire céleste corps et âme en nous convertissant, en nous nourrissant par la prière, par la lecture de la Parole de Dieu, par les sacrements. L’Assomption de Marie anticipe un mystère qui est promis à tous les hommes. Il ne s’agit donc pas d’abord d’un privilège réservé à Marie, mais bien d’une promesse, réalisée en elle, mais adressée à nous tous. »