Voici des propositions de réponses à quelques-unes des questions que l’on peut se poser lorsque l’on pense à une éventuelle vocation religieuse.

Je n’ai pas bon caractère. Puis-je néanmoins rejoindre l’Ordre ?
Tout dépend de ce que vous appelez « mauvais caractère » ! Les religieux, comme tout le monde, ne sont pas des gens parfaits, et il n’y a pas de « caractère idéal ». Mais il faut être prêt à vivre avec d’autres, à estimer leurs qualités, à ne pas obliger tout le monde à subir ses sautes d’humeurs. Par-dessus tout, être prêt à changer !

Dans la vie commune, aime-t-on tous les frères ?
On ne vit pas dans une communauté avec des gens que l’on choisit. Aussi, il y a des chances (oui, des chances !), pour que vous ne soyez pas spontanément en affinité avec tout le monde. Néanmoins, exclure quelqu’un de la fraternité, c’est s’en exclure soi-même. Au-delà des atomes crochus, nous voulons donc apprendre à voir chaque membre de la communauté comme un frère et à chercher son bien.

Je suis handicapé ou malade : la vie commune me sera-t-elle possible ?
Il n’y a pas de réponse définitive pour toute situation. La maladie en soi ou le handicap n’interdisent pas la vie religieuse. C’est très important que vous rencontriez le frère responsable de l’accueil proche de chez vous. Certains handicaps rendent impossible, par exemple, la vie en commun, ou exigent des conditions matérielles que nous n’avons pas dans les couvents. Certaines maladies peuvent empêcher de se consacrer à la mission.

J’ai vécu longtemps en couple
Ce qui est essentiel n’est pas la vie passée, mais le choix actuel d’un mode de vie, même si les expériences antérieures marquent notre vie affective, nos désirs et nos attentes. En réfléchissant à vos expériences passées (si possible en dialogue avec quelqu’un d’autre), pensez-vous que vous pouvez choisir la vie religieuse, et y vivre célibat, continence et chasteté ? Quelles ont été vos expériences de vie de couple ? Auriez-vous aimé fonder une famille, avoir des enfants ? Est-ce un regret pour vous de ne pas pouvoir le faire ? Votre désir d’engagement est-il par « déception amoureuse » ?

Je ne suis pas français
La coutume dans l’Ordre est d’inviter un candidat à prendre d’abord contact avec les frères vivant dans son pays d’origine. Y a-t-il des communautés de frères dans votre pays ? Les avez-vous déjà rencontrées ? Sinon, faites-le. S’il n’y en a pas encore, alors peut-être serez-vous le premier !

Dois-je vendre tous mes biens avant d’entrer ?
Non, pas avant d’entrer. En effet, il y a d’abord une année de noviciat, puis au moins trois années d’engagement temporaire. Pendant ce temps, un frère n’a pas le droit de gérer lui-même ses biens, mais il n’a pas non plus le droit de les aliéner : on lui demande donc d’en confier la gestion à quelqu’un d’autre. C’est une manière de respecter la liberté du discernement.

Y a-t-il des communautés mixtes ?
Non, dans l’Ordre il n’y a pas ce type de communauté, sauf de manière exceptionnelle. Dans l’Ordre, différents états de vie existent : la vie monastique pour nos sœurs (qui demeurent dans un même monastère), la vie apostolique pour les frères (qui vivent en couvent, et changent de lieu) et des laïcs mariés ou célibataires. Des collaborations existent entre nous, mais sans faire le choix d’une même communauté.

Je ne sais pas prier
La tradition de la prière commune, ainsi que la vie d’oraison à laquelle notre Ordre nous conduit, seront une école pour vous. Mais on demande finalement toujours à Celui qui, seul, sait prier, le Christ lui-même, de nous apprendre.

Je chante faux
Très peu de personnes chantent vraiment faux. C’est pourquoi, puisque nous aimons la prière liturgique chantée au chœur, il vous sera demandé d’apprendre à chanter, au moins un peu pour vous joindre au chœur des frères. Mais ce n’est pas alors pour faire des prouesses artistiques, simplement pour chanter les offices avec les frères. Presque tout le monde y arrive très bien, et avec plaisir !

Je n’aime pas beaucoup me déplacer
À la différence des moines nous ne faisons pas profession de stabilité. La vie dominicaine demande des déplacements : aller rencontrer des gens, changer de couvent, parfois même changer de pays pour rejoindre d’autres cultures. On parle souvent de « 1’itinérance apostolique » de saint Dominique : un frère prêcheur ne peut pas vouloir rester casanier.

Est-il possible de développer ses dons artistiques ?
Oui, l’histoire de l’Ordre en donne plusieurs exemples, même si tous les frères un peu doués dans le domaine de l’art ne sont pas Fra Angelico ! L’Ordre aime bien promouvoir les dons de chacun, dans la mesure où ces dons peuvent l’épanouir, et aider à la mission. Mais, dans le domaine de l’art comme dans les autres domaines où les frères sont spécialisés, l’Ordre ne propose à personne de faire une carrière personnelle.

Je n’ai pas beaucoup d’esprit pratique : est-ce possible de vivre en communauté ?
Tout le monde n’est pas un bricoleur de génie, mais l’important est d’apporter sa contribution pour que la communauté « habite » vraiment sa maison. Entre le ménage, le bricolage, le jardin, la cuisine, la vaisselle, la gestion… chacun a bien des chances de trouver comment apporter sa part. Et chacun aura aussi à se former pour telle ou telle tâche pratique… comme dans la vie « de tout le monde » !

Puis-je garder des liens avec ma famille et mes amis ?
Oui, bien sûr. Les liens familiaux et amicaux sont importants. L’année du noviciat est cependant une année où l’on demande aux frères de rester à distance de ses relations antérieures. Évidemment il y a, du fait du choix de la vie religieuse, des changements dans la manière de développer ces relations, puisque nous choisissons de donner priorité non pas à notre famille ni à nos amis mais plutôt à notre vie avec les frères et pour la mission de l’Ordre.

Serais-je obligé de faire quelque chose qui ne me plait pas ?
La mission de l’Ordre est large, et certaines missions demandent des frères. Dans toute la mesure du possible, on essaie de ne pas demander à un frère ce qui serait absolument contraire à sa personnalité, mais c’est la mission qui reste un critère essentiel de l’obéissance. Parfois, donc, un frère peut se voir demandé de faire ce pour quoi il ne se sent lui-même ni prêt ni disponible : ce peut être une grande chance pour sa liberté.

J’aime et je veux suivre le Christ à la suite de saint Dominique mais je ne suis pas prêt à m’engager dans la vie religieuse.
Le souci du salut de notre monde n’est pas seulement porté par les frères, mais par toute la famille dominicaine qui comprend aussi les moniales, les sœurs apostoliques et les laïcs dominicains (voir lexique).

Je n’ai pas fait d’étude de philo ni de théologie, est-ce un handicap ?
L’étude dominicaine ne se caractérise pas d’abord par un niveau d’études mais par le désir de mieux connaître et servir la parole avec les outils appropriés. La philosophie et la théologie ne sont pas si ésotériques que ça et le point de départ de la formation consiste justement à acquérir les outils nécessaires pour aborder ces matières.

Les études peuvent-elles comprendre une spécialisation professionnelle ?
Si dans un domaine professionnel particulier, en accord avec ses supérieurs, un frère peut trouver une manière un peu originale ou inhabituelle de prêcher, oui une spécialisation professionnelle peut être envisagée.

Je ne me sens pas capable de longues études, est-ce un problème ?
L’Ordre demande au frère le maximum de ce qu’il peut donner, mais pas plus qu’il ne peut.

J’ai déjà de longues études de philosophie (ou de théologie) derrière moi, dois-je tout recommencer ?
Dans ta formation, s’il ne te faudra pas repartir de zéro, tu auras à apprendre à entrer dans l’étude, telle qu’elle est vécue par les frères : ouverte aux questions du monde, portée communautairement.

Faut-il avoir fait une préparation particulière avant d’entrer au noviciat ?
Il y a un âge requis pour pouvoir être admis au noviciat (18 ans), mais pas de formation particulière. Actuellement l’usage est, en général, que les frères aient déjà entamé ou achevé un cursus de formation laïc.

Je suis déjà prêtre je n’ai pas besoin de refaire des études…
Même si tu es déjà prêtre, parce que tu auras demandé la miséricorde des frères, comme tout ceux qui rejoignent l’Ordre de saint Dominique, tu devras apprendre comment devenir frère, pour accorder, à ton tour, cette miséricorde à tes frères.

J’aimerai bien être apôtre de l’Évangile mais je n’ai pas envie d’être prêtre.
Être apôtre de l’Évangile ne se détermine pas d’abord par un ministère dans l’Église. Il s’agit avant tout pour chaque frère de trouver, à partir de ce qu’il est, comment manifester l’amour de Dieu pour nos contemporains.

Est-ce qu’on peut prêcher sans être prêtre ?
La prédication au sens large est d’abord le témoignage d’une vie, par les actes et par les paroles. Cependant, l’homélie pendant l’Eucharistie relève de la responsabilité des ministres ordonnés (diacres et prêtres).

Est-ce que la prédication de l’Évangile à besoin de mes compétences professionnelles ?
Il n’y a pas, a priori, de compétence qui ne puisse être mise au service de l’annonce de la Bonne Nouvelle. Tout dépend de la cohérence qui peut se manifester entre ces compétences et la prédication.

Est-ce qu’un frère non ordonné participe aux décisions de la vie commune ? Est-ce que sa voix compte ?
Frères, nous le sommes à partir du moment où nous recevons l’habit. À ce titre nous participons à la vie commune et chacun peut donner son avis. À partir de la profession solennelle, la voix de chacun compte de la même manière lorsque des décisions sont soumises au vote.

La prédication dominicaine est-elle compatible avec une vie de prière de type « monastique » ?
Dans les premières heures de l’Ordre, saint Dominique a voulu instituer une vie religieuse qui se distinguait des monastères : il a voulu que les frères puissent témoigner dans le monde, de l’amour de Dieu tout particulier pour chaque homme. La prière nourrit ainsi leur prédication et doit les pousser à la rencontre du monde.

Dans un ordre clérical comme l’ordre dominicain, peut-on être heureux et servir comme « simple frère » ?
Bien sûr ! Un frère non ordonné n’est pas un « sous-frère ». Pour tous les frères, porter le souci du salut du monde, en commençant par soi et la communauté, est source de vie, de liberté, de communion et donc de joie.

Prêtre = célibataire ?
En faisant vœu de chasteté dans sa profession religieuse, le frère s’est déjà engagé au célibat. Au moment de l’ordination diaconale puis de l’ordination presbytérale, il confirme cet engagement. L’Église catholique romaine a en effet choisi de n’appeler aux ministères que des hommes qui acceptent librement de rester célibataires.

Je vais être prêtre, quelle sera ma formation ?
Au cours des années d’études, les frères reçoivent une formation spirituelle qui passe par une pratique régulière (prière, liturgie et célébration des sacrements) ; une formation intellectuelle (théologie, Bible, histoire de l’Église, philosophie, etc.) ; une formation humaine, et un apprentissage de la rencontre avec l’autre, à travers diverses expériences apostoliques et pastorales. Des examens et une évaluation viennent valider cette formation.

Je ne suis pas très sûr de vouloir être prêtre. Comment savoir ?
Un temps de discernement important est mis en place dès le noviciat. Ce temps de dialogue privilégié avec le maître des novices puis avec le maître des étudiants doit permettre de choisir en conscience de faire profession comme frère coopérateur ou frère clerc. La décision de l’appel à l’ordination appartient en dernier lieu au provincial.

Je veux bien être prêtre mais pas devenir curé de paroisse.
La vocation d’un frère prêcheur n’est pas celle d’un prêtre diocésain. Le ministère presbytéral s’exerce pour lui de bien des manières et dans bien des lieux sans qu’il soit attaché à une seule communauté de fidèles ou à une paroisse. Dans sa communauté d’abord, mais aussi partout où les sacrements accompagnent sa prédication. Cependant, la réalité ecclésiale nous invite souvent à soutenir l’effort des diocèses.

La Province dominicaine de France a t-elle vraiment besoin de frères prêtres ?
La province dominicaine de France a d’abord besoin de frères, qu’ils soient ordonnés ou non. Il est cependant certain que pour assumer un grand nombre d’activités apostoliques et de prédication en collaboration avec les évêques, ainsi que pour un certain nombre de charges de gouvernement, la province, comme l’Église a besoin de frères prêtres.

Faut-il apprendre le latin pour devenir prêtre ?
L’apprentissage d’un minimum de vocabulaire grec et latin est fort utile si on ne veut pas, par exemple, confondre un Kyrie et un Sanctus au cours d’une célébration. Les plus motivés peuvent apprendre bien plus. Même si elle est encouragée dans le cadre d’études théologiques poussées, la pratique du latin n’est plus indispensable pour exercer le ministère presbytéral. Deo gratias.