dominicains

Pour faire suite à notre série de portraits, voici celui du frère Charles Desjobert. Il a fait sa profession simple le 08 septembre 2012 au couvent de Strasbourg comme la plupart des dominicains. Ensuite, le 29 août 2015, il fait sa profession solennelle au couvent de Lille, le jour du martyre de saint Jean-Baptiste.

Pourquoi avoir choisi la communauté des dominicains ?

« J’ai choisi la vie dominicaine pour suivre le Christ et me mettre à son écoute. Ce qui m’a plu, c’est la perception de la vie fraternelle et son importance dans l’Ordre des dominicains. Je l’ai perçu via l’aumônerie des étudiants de Strasbourg.

Les dimensions spirituelles et intellectuelles de l’être, guidées par la recherche de la vérité, m’ont également marqué. Dans l’Ordre elle se manifeste par une étude attentive de l’histoire, mais aussi du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Ce qui m’a marqué, c’est la prise au sérieux des aspirations de nos contemporains. Plus particulièrement, de ce que notre monde moderne porte en lui-même : ce qu’il y a de beau, mais aussi de difficile avec les nombreux défis qui se présentent à nous. Considérer avec sérieux, intelligence et bienveillance les aspirations de notre temps, c’est essentiel. J’ai réalisé à quel point cette dynamique de prise au sérieux du réel était dans l’ADN des dominicains. On retrouve cela chez Thomas d’Aquin d’ailleurs. Elle est vraiment à l’œuvre chez les frères que j’ai croisés. La quête exigeante de la vérité se fait dans une écoute intelligente du monde à la fois ouverte et bienveillante..

La présence sur internet avec « Prier dans la ville » et aussi sur les réseaux sociaux, l’émission « Le Jour du Seigneur » , voilà autant de lieux de prédication passionnants.

La tradition artistique de l’Ordre m’a aussi interpellé. Il existe un réel dialogue avec le monde de l’architecture, celui des artistes également. C’est une des spécificités de l’Ordre des dominicains dans le paysage ecclésial actuel. Une attitude d’accueil vis-à-vis de l’art contemporain est assez peu commune il me semble

Quelles sont vos missions au sein de la province de France ?

1- Architecte du patrimoine 

« Je suis architecte du patrimoine. Avant mon entrée, j’ai suivi des études d’architectures à l’INSA de Strasbourg. Dans l’Ordre je me suis spécialisé dans le patrimoine. Aujourd’hui, j’ai un quart-temps sur l’accompagnement de projet et la création d’aménagement liturgique. Puis, j’ai d’autres projets de réhabilitation, de création ou de transformation notamment pour des chapelles, abbayes ou couvents » .

2- Chargé de cours à l’école Chaillot

« Par ailleurs, je donne un cours de liturgie à l’école de Chaillot qui forme les architectes du patrimoine » .

3- Licence canonique en liturgie

« e suis actuellement une licence canonique en liturgie. Je suis un frère prêtre mais suit encore une formation. C’est d’ailleurs le cas de beaucoup de frères » .

4- Aumônier national des 12/17 ans des scouts unitaires de France

« Pour finir, je suis aumônier nationale de branche chez les scouts unitaires de France pour les 12-17 ans » .

Comment abordez-vous la pluralité de vos missions ?

« Pour moi ce qui est intéressant, c’est que mes missions s’équilibrent, elles se tirent les unes vers les autres. Il y a l’architecture, hors des sentiers battus, en direction de personnes souvent loins de l’Eglise. Puis, il y a la dimension intellectuelle, chère à notre Ordre, avec cette formation que je poursuis et un mémoire en cours. Enfin, une dimension plus intra-ecclésiale avec les scouts.
Ce qui est intéressant, c’est cet ADN à la fois à la frontière de l’Eglise et hors de l’Eglise. Je ne voudrais pas être mangé par l’architecture, car je risquerai de perdre d’une certaine manière ma vocation de frère et ma mission au service du peuple de Dieu comme prêtre. Là, les éléments s’équilibrent et c’est extrêmement important! Si j’essaye de bâtir aux frontières de l’Eglise, c’est que je me recentre en permanence dans des activités plus ecclésiales » .

Pouvez-vous nous en dire plus sur la mission d’architecte ?

« C’est essentiellement une mission d’accompagnement de projets avec des diagnostics. Je mets en place des programmes d’architecture pour des communautés religieuses qui viennent me rencontrer avec une volonté, des défis. Puis, j’élabore avec elles un programme précis. Par exemple, je suis en train d’aménager en ce moment une chapelle dans une Tour-monastère du XIVe siècle. Le volume existe, mais c’est de la terre battue sur le sol. En effet, c’est un espace qui n’est plus habité depuis la Révolution française. Avec la communauté, nous avons donc défini un programme. J’ai dessiné l’espace : les aménagements, un hôtel, un ambon, des stalles… Tout l’aménagement liturgique ! Nous sommes actuellement en train de valider l’esquisse pour passer en phase de réalisation. Différents acteurs vont intervenir notamment pour la céramique au sol, une artiste contemporaine pour les vitraux, des tailleurs de pierres, des menuisiers… » .

Etre un dominicain aujourd’hui, qu’est-ce que ça signifie ?

« Être dominicain aujourd’hui, c’est vivre en frère, aller à la rencontre du lointain, de l’étranger, de l’autre. Et lui dire l’amour que Dieu lui porte. Il s’agit pour moi,  en parole et en acte, de dire l’Amour de Dieu à celui qui est loin du Seigneur » .

Que diriez-vous à quelqu’un qui veut devenir dominicain ?

« C’est une magnifique aventure assez étonnante, car toujours nouvelle. Une véritable occasion de découvrir à la fois le visage de Dieu en nous et autour de nous. On peut être assez étonné de là où l’Ordre nous emmène et de là où on emmène l’Ordre avec nous. Il y a une vraie dynamique, elle est fraternelle est communautaire. J’ai été très touché et je le suis toujours par la manière dont on est formé par nos frères. C’est un dialogue généreux qui fait qu’on emmène les frères avec nous. Ils nous entrainent et on les entraine. Les deux sont toujours présents. L’esprit Saint j’imagine n’est pas loin ! » .

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