Après le frère Raphaël de Bouillé, nous vous proposons de faire la connaissance de fr. Eric Salobir à travers trois grandes questions. La joie du Prêcheur, la place importante de la prière et ce que représente pour lui la famille dominicaine.
Frère Eric, quelle est la joie du Prêcheur ?
Elle est double : d’un côté la joie de partager cette Bonne Nouvelle qui nous fait vivre, qui est celle de l’Evangile et dont on découvre, en fréquentant constamment l’Ecriture, à quel point elle est riche et s’adresse à chacun et, d’autre part, la joie de rencontrer ceux à qui on est envoyé. En effet on ne prêche pas dans le vide. On s’adresse à des gens et on reçoit beaucoup d’eux dans l’échange qu’est la prédication. D’ailleurs à mon sens, la prédication n’est pas une parole envoyée. C’est une conversation dans laquelle les questions des autres ont parfois infiniment plus d’impact sur nous-mêmes que ce que nous pourrions dire.
Quelle est la place de la prière dans ta vie ? Un peu, beaucoup, passionnément ?
La prière, c’est un paradoxe entre son infinie nécessité et le combat constant pour y arriver. Je suis un homme d’action. Si je me laisse embarquer par l’action, je ne vais plus faire que cela… Et abandonner la dimension contemplative de la vie dominicaine. Je me rends compte que si je l’abandonne, au bout d’un moment, je suis complètement à côté de mes pompes. Il me semble essentiel de garder, au début de la journée, ce temps jusqu’aux laudes (je me lève à six heures du matin), comme un temps de prière silencieuse, de lecture de la Parole de Dieu.
Ce moment est là pour me nourrir spirituellement dans la lectio divina et dans la prière silencieuse, dont je me rends compte à quel point elle nous relie à cette pointe divine dans notre âme, dont parle Saint Augustin. Je garde quand même en tête cette phrase. « Quand tu es en train de prier dans ta chambre, si quelqu’un frappe à ta porte, va lui répondre. Le Dieu que tu trouveras est plus sûr que le Dieu que tu quittes. »
Quelle est la place de la famille dominicaine – frères, moniales, laïcs, sœurs apostoliques – dans ta vocation ?
« Famille », c’est clairement le terme exact. « Famille », même plus que « Ordre » qui dit une structure. J’ai toujours eu, malgré l’écart de générations, beaucoup de plaisir à fréquenter les laïcs dominicains. J’ai vraiment le sentiment d’une famille étendue. Moi qui viens d’une famille où nous étions deux enfants, un frère et une sœur, je vois la famille dominicaine dans sa dimension internationale, très diverse. J’éprouve une très grande joie à me sentir membre de cette famille, qui par de nombreuses attentions, me porte dans mon ministère. C’est une famille à la fois affective et spirituelle. Je sens bien, d’une façon un peu intuitive, ce que m’apporte le fait de savoir qu’un certain nombre d’entre eux prient pour le succès de nos missions.