Le Frère Réginald Blondeel est entré dans l’Ordre des Prêcheurs en 1983. Après sa formation, il a vécu dans les couvents de Rouen, Vigneux en région parisienne, Oslo, Rennes et Lille puis maintenant de Nancy. Il exerce les fonctions de Directeur régional du Pèlerinage du Rosaire, d’aumônier des gens du voyage et d’exorciste diocésain.
Frère Réginald, que représente la figure de Dominique pour toi ?
Ce qui m’intéresse, c’est de rencontrer les gens, de les écouter et de les aider par rapport à la foi. Dominique a rencontré les Cathares quand il est passé avec son évêque. Il a écouté les arguments de ses interlocuteurs. Il a discuté avec eux et à la fin de la nuit, les gens se sont rangés à sa présentation. Ce n’est pas en matraquant les gens avec des réponse. C’est en parlant, en vivant avec eux, je pense qu’ils ont mangé ensemble parce que la nuit est longue, que les choses se sont faites. Ce qui m’intéresse, c’est d’apporter mon point de vue et le point de vue de l’Eglise.
Devant des personnes en situation matrimoniale compliquée par rapport à l’Eglise, je leur dis : « Vous ne vivez pas tout ce que l’Eglise demande, mais vous vivez au moins des éléments de l’Evangile ou de ce que l’Eglise demande. Vous êtes peut-être un enfant compliqué, mais des enfants aimés. Vous avez peut-être une place particulière dans l’Eglise, mais vous y êtes ».
Au fond, à tes yeux, qu’est-ce qu’un frère Prêcheur ?
Être Prêcheur, comme me disait mon maître des novices, c’est réussir à aider les gens à aimer le Bon Dieu. Et se savoir aimé de lui. J’ai fait une image que je donne quand je rencontre des gens dans le cadre de l’exorcisme. Il y en a une avec la figure de Jésus qui regarde bien en face. Et j’ai écrit en anglais, j’ai trouvé que cela faisait bien : « I Love You », ce qui peut se comprendre dans les deux sens. Jésus me dit : Je t’aime, et moi, je peux dire à Jésus : Je t’aime. Ça marche dans les deux sens.
Y a-t-il une parole de Dieu qui te porte particulièrement ?
Pour aujourd’hui, ce qui me touche, c’est ce que Jésus dit lors de la résurrection de Lazare : « Déliez-le et laissez le aller » [évangile de Jean 11, 44]. Pour les gens que je rencontre, ma question c’est : comment les aider à les délier ? parce qu’ils se sont mis dans des liens, ils se sont « saucissonnés » dans des problèmes. Et ensuite, il faut les laisser aller. Je ne les délie pas pour me les lier, qu’ils soient liés à moi ! Comme exorciste, il s’agit de délier les gens des influences de l’adversaire ou des personnes qui leur veulent du mal, ou de leur rancœur, et ensuite, de les laisser aller.