Aujourd’hui, nous vous proposons de faire la connaissance de l’un de nos frères dominicains. Nous allons à la rencontre du fr. Philippe Verdin qui a fait sa profession simple en 1994 à Lille et a été ordonné prêtre à l’église du Saint-Nom-de-Jesus à Lyon le 4 juillet 1999.
Pourquoi avoir choisi les frères dominicains ?
Avant de choisir cet ordre, j’ai été séminariste. Ce qui m’a attiré chez les
dominicains, c’est la vie fraternelle en premier lieu. C’est aussi parce que la vie régulière était capable de m’aider à être fidèle à la prière. Il y a chez nous une belle tradition séculaire mais aussi une passion et un amour pour l’époque où nous vivons et le monde qui nous entoure. Ainsi, j’ai été éditeur, conseiller d’un président de la République et je prêche maintenant sur internet tandis que d’autres frères interviennent à la télévision. Nous relevons le défi de rafraîchir en permanence le style de nos prédications.
Enfin, je suis un littéraire. En étudiant la littérature du XXe siècle, je me suis rendu compte que beaucoup des écrivains, que j’aimais, avaient été marqué par des rencontres déterminantes avec les frères dominicains. A l’image de Georges Bernanos qui a publié un livre sur saint Dominique qui m’a beaucoup compté pour moi, ou José Cabanis qui a publié une biographie de Lacordaire, une belle figure dominicaine du XIXe siècle. Les dominicains ont un compagnonnage avec les artistes et les écrivains, c’est épatant : je prépare un petit livre sur l’amitié étonnante entre Henri Matisse et sœur Jacques-Marie, une jeune dominicaine.
Quelles sont vos principales missions actuelles au sein de la Province de France ?
J’ai eu des missions extrêmement diverses, d’aumônier d’étudiants à Dakar à curé au Caire. Actuellement :
- Je fais partie de l’équipe de Prier dans la ville, je m’occupe particulièrement de la retraite de l’avent.
- Pour les associations familiales catholiques (AFC), Je suis l’aumônier national.
- Je suis éditeur aux éditions du Cerf.
Pouvez-vous nous présenter cette dernière mission ?
Il s’agit d’un travail de recherche d’idées, d’auteurs et d’accompagnement à l’écriture. Par exemple quand un thème est important mais n’est que peu abordé, comme le jeûne au moment du carême, je dois trouver un expert et l’aider et l’encourager pour la rédaction. Le rôle de l’éditeur n’est pas d’être simplement un intermédiaire entre l’auteur et l’imprimeur. Un bon éditeur doit aider l’auteur à donner le meilleur de lui-même. Cela peut se faire via de la réécriture, des conseils, des suggestions, le dialogue pour permettre à l’auteur de donner le meilleur de lui-même et le lecteur d’être rassasié, lui qui est « comme un cerf altéré » (Psaume 41)
Etre un dominicain aujourd’hui, qu’est-ce que ça signifie ?
- Que la fraternité est possible ! Nous vivons dans un monde qui s’oppose de plus en plus. Cette manière de polariser systématiquement les rapports humains dans l’affrontement est mortifère. Les dominicains sont et doivent être le signe d’une fraternité possible.
- C’est un magnifique héritage qu’on reçoit comme un cadeau. Nous avons des figures comme saint Dominique, Henri Lacordaire ou Thomas d’Aquin. Ce sont des modèles d’une telle envergure spirituelle qu’ils nous provoquent, nous stimulent.
- C’est rendre grâce pour la grande liberté des enfants de Dieu, car les frères dominicains ont souci d’être défenseur vigilant de la liberté exigeante, apanage de chaque homme reçu pour nous par le Christ.
- C’est être de son temps et aimer le monde comme il est… tout en se battant pour qu’il s’améliore !
Que diriez-vous a quelqu’un qui souhaite devenir dominicain ?
Je lui dirais : « Bienvenu ! Dans l’ordre de saint Dominique, tu vas avoir de grandes joies. C’est ce que disait le bienheureux Réginald d’Orléans. Sur son lit de mort, on lui a demandé s’il ne regrettait pas d’être entré dans cet ordre de mendiants et il a répondu : « Je ne regrette absolument pas. Dans l’ordre de saint Dominique, je n’ai trouvé que de la joie ! ».