Alors que la Ciase a rendu son rapport en octobre 2021, aujourd’hui nous souhaitons mettre en lumière un livre publié seulement quelques mois plus tôt. Paru aux éditions du cerf en avril 2021, « Comment tuer Jésus ? » aborde la question des « abus, violences et emprises dans la Bible ». Avec un titre volontairement provocateur, son auteur, le frère Philippe Lefebvre explique que oui : il est tout à fait possible de tuer Jésus ! Comme ont pu le vouloir à son époque les autorités religieuses. A la lumière de la Bible, il nous explique comment… Et comment ne pas le faire !
Lanceur d’alerte un peu par hasard
Interviewé par le frère Paul-Adrien d’Hardemare sur sa chaîne Youtube (voir vidéo ci-dessous), Philippe Lefebvre a recueilli pendant 15 ans des témoignages de victimes d’abus sexuels. Il devient, un peu par hasard, un lanceur d’alerte et doit faire face à certaines pressions. Il déclare d’ailleurs à ce sujet : « j’ai mis les pieds sans le savoir et sans le vouloir au début dans un monde quand même assez violent ».
Le silence, une arme qui tue
Ainsi, selon le frère Philippe Lefebvre, et pour répondre au titre de son livre, c’est le silence qui peut tuer Jésus ! « C’est un problème ancien et connu » explique-t-il. Au travers de son livre et pour mieux le prouver, il évoque plusieurs exemples issus de la Bible.
La parole pour briser le silence
Il faut donc voir le livre « Comment tuer Jésus ? » comme une prise de parole pour briser le silence. « Un abuseur, déclare-t-il, c’est 15 à 20% du problème. 80% du problème : c’est l’entourage qui cache, qui ment, qui fait disparaître les preuves, qui intimide la personne violée quand elle commence à parler, qui intimide ceux qui essayent de dénoncer ».
Mais, précise-t-il, il ne faut pas que la prise de parole soit vaine. Elle doit être suivie d’actes. Dans le cas contraire, c’est de la langue de bois.
Contexte
L’auteur souhaite également pousser le lecteur à prendre du recul. « Il y a tout un système qui se met en place et il faut le comprendre. Les abus, ce ne sont pas quelques personnes qui ont été abusées par quelques prêtres qui sont des brebis galeuses ». Mais et c’est le plus important selon lui « si ça peut arriver, c’est qu’il y a une lézarde profonde dans les murs de l’Eglise. C’est d’ailleurs une image parfaitement biblique ! ». Le frère Philippe Lefebvre fait référence au deuxième livre des rois, au chapitre 22, dans lequel le Temple de Jérusalem est lézardé. « L’Eglise, ça lui arrive aussi » conclut-il.
L’Eglise peut-elle résoudre seule des problèmes dont elle est à l’origine ?
C’est une question que le frère Paul-Adrien d’Hardemare pose et à laquelle le frère Philippe Lefebvre répond : fort heureusement « il y a beaucoup de gens inattendus qui sont prêts à agir et à intervenir et qui nous donnent des éléments de lumière et de compréhension ». Il pense notamment aux :
- Victimes.
- Associations de victimes.
- Journalistes.
Evidemment, il évoque aussi la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise. Ainsi tous ces acteurs permettent de libérer la Parole. Celle qui dénonce le mal commis et indique une voie de relèvement. Celle de la Vie dont vit Jésus !
