La langue française est reconnue pour être très riche. Au point même d’ailleurs que les origines de la plupart des expressions que nous utilisons dans notre quotidien nous est inconnue. Aujourd’hui nous nous intéressons à l’une d’elle : « Se faire l’avocat du diable ». Une expression qui trouve ses origines dans la vie religieuse !
De nos jours
Comme l’explique fort bien le site linternaute.fr : « Aujourd’hui, « se faire l’avocat du diable », c’est défendre une opinion que la majorité pense mauvaise. En général, il s’agit d’une technique malicieuse consistant à proposer des arguments contraires à la thèse que l’on soutient soi-même, de façon à enrichir le débat et à en ressortir le plus neutre possible » .
Il est même communément admis dans une conversation que celui qui endosse ce rôle commence son discours par « je vais me faire l’avocat du diable, mais… » . Ceci afin de dire clairement à ceux qui l’écoute, que ce qui suit n’est en rien son avis. Le but est qu’il n’y ait pas d’erreur d’interprétation.
Les origines
Ceci étant, aux origines, l’avocat du diable avait un rôle tout à fait officiel. Son intervention se faisait au cours d’un procès en canonisation. Cette expression de la langue française est donc une référence directe à la vie religieuse.
L’objectif de cette procédure est de canoniser ou non un bienheureux. Son organisation est à l’image d’une procédure pénale avec la défense et l’accusation qui se font face. Il y a en effet d’une part le postulateur qui explique pourquoi le bienheureux doit être canonisé. De l’autre, il y a le promoteur de justice qui en revanche tente de prouver le contraire.
Cette procédure a toujours lieu de nos jours. Seule l’appellation a changé. En l’occurrence le promoteur de justice se faisait appeler « l’avocat du diable ». Son objectif était le même qu’aujourd’hui. A savoir, dans un premier temps, apporter la contradiction au postulateur en trouvant des arguments contre la canonisation du bienheureux dont c’était le procès. Dans un second temps, la finalité de l’avocat du diable était comme le précise la définition de linternaute.fr de : « enrichir le débat » afin que l’ensemble des acteurs du procès en ressortent « le plus neutre possible » … Pour mieux rendre une décision la plus impartiale qui soit !
Les étapes d’un procès en canonisation
Parmi les étapes d’un procès en canonisation deux étapes sont notables :
- La reconnaissance de l’héroïcité des vertus.
- L’examen des miracles.
La reconnaissance de l’héroïcité des vertus
Cette étape est très bien expliquée dans le cas de Mère Alphonse Marie : « La reconnaissance de l’héroïcité des vertus, dans le processus de béatification, signifie que la personne a vécu les vertus chrétiennes de foi, d’espérance et de charité de manière exemplaire en son temps, ainsi que les vertus cardinales de justice, de prudence, de force et de tempérance, ainsi que les vertus qui découlent de l’évangile : l’humilité, la pauvreté, la chasteté et l’obéissance. A ce moment-là, Mère Alphonse Marie reçoit le titre de « Vénérable Servante de Dieu » » .
L’examen des miracles
Néanmoins pour le canoniser, il faut pouvoir attribuer au bienheureux au moins deux miracles. D’ailleurs, toujours dans le cas de Mère Alphonse Marie, cette étape est évoquée : « Dans l’étape suivante, la reconnaissance d’un miracle obtenu par l’intercession de Mère Alphonse Marie était requise. La Postulatrice recevait toujours des messages de personnes témoignant que leurs prières étaient exaucées. Le miracle, qui a été examiné et reconnu, concernait la guérison d’une femme, souffrant d’une grave maladie des intestins, en 1955 à Mulhouse » .
Ainsi, dans ces deux étapes, l’avocat du diable va chercher notamment des situations qui prouveraient un manque de « vertu ». Des situations qui n’empêchent pas la sainteté de la personne devant Dieu. Mais qui permettent à l’avocat du diable de recommander à l’Eglise de ne pas la donner en exemple aux chrétiens !
La translation des reliques de Saint-Dominique
Le 24 mai dernier, les dominicains ont fêté la translation des reliques de Saint-Dominique. Comme nous l’évoquions, cet événement qui a eu lieu le 24 mai 1233, est aujourd’hui considéré comme la première étape de son procès en canonisation. Saint-Dominique a été canonisé le 3 juillet 1234. Dans l’intervalle, son procès en canonisation a eu lieu. Un procès au cours duquel un avocat du diable a forcément joué le rôle de contradicteur !
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