A l’occasion de la mort du pape François, les dominicains de la provinces de France vous ont expliqué comment se déroule un conclave. C’est un moment particulier dans la vie de l’Eglise. Un moment d’ailleurs où bon nombre d’expressions et/ou de termes qui peuvent être générateurs d’interrogations sont utilisés. Voilà pourquoi les prêcheurs vous proposent un lexique du conclave qui s’annonce. En effet, s’agit de certains mots qu’il faut absolument maitriser pour être sûr de comprendre le déroulement des prochains jours.

Des mots pour le dire !

Camerlingue, nomen, extra omnes… voici autant de mots qu’il faut maîtriser pour comprendre le déroulement d’un conclave. D’ailleurs d’où vient le mot « conclave » ? Idem pour la célèbre expression « Habemus papam », sauriez-vous la définir avec précision ? Après lecture de notre lexique du conclave vous pourrez répondre positivement à cette question… Tout en y apportant quelques anecdotes en prime !

Voici donc notre lexique du conclave par ordre chronologique.

Camerlingue

Définition : Le camérier (ou camerlingue, de l’italien camerlengo) est le cardinal chargé d’administrer les biens et les affaires temporelles du Saint-Siège durant la vacance du pontificat (sede vacante).

Étymologie : Le mot vient du latin camerarius, qui signifie « chambellan », lui-même issu cependant de camera (« chambre »).

Rôle concret : Lors de la mort du pape, c’est lui qui vérifie officiellement le décès en appelant le pape par son prénom de baptême. Il scelle ensuite les appartements pontificaux et organise les funérailles. Il est aussi responsable de la logistique du conclave (sans intervenir dans le vote). Par ailleurs gère les biens de l’Église avec trois cardinaux assistants élus.

Exemple historique : À la mort de Jean-Paul II en 2005, c’est le cardinal Eduardo Martínez Somalo qui exerça cette fonction, annonçant et préparant le conclave qui élira Benoît XVI.

Congrégations générales

Définition : Réunions préparatoires tenues avant le conclave, rassemblant l’ensemble des cardinaux, électeurs ou non.

But : Elles permettent de discuter de la situation de l’Église, d’échanger sur les défis contemporains, mais aussi d’établir le profil souhaité pour le prochain pape, et de fixer les détails pratiques du conclave (date, logistique…).

Exemple précis : En 2005, les congrégations générales ont permis de constater le besoin d’un pape ferme sur la doctrine, ce qui orientera le choix vers le cardinal Joseph Ratzinger.

Papabili

Définition : Terme italien (pluriel de papabile) désignant les cardinaux considérés comme ayant des chances sérieuses d’être élus pape.

Usage médiatique : Ce mot est souvent employé par les journalistes et les vaticanistes avant un conclave. Il ne s’agit pas d’une désignation officielle, mais d’une spéculation fondée sur l’aura, l’expérience, ou la position doctrinale de certains cardinaux.

Exemples historiques :

  • Le cardinal Joseph Ratzinger était considéré papabile en 2005.
  • En 2013, le cardinal Angelo Scola était un papabile cité, mais c’est finalement Jorge Bergoglio, outsider relatif, qui fut élu.

Bon à savoir concernant ce terme de notre lexique du conclave. Un adage circule à Rome : « Celui qui entre pape au conclave en ressort cardinal », soulignant l’imprévisibilité de l’élection.

Extra omnes

Définition : Expression latine signifiant « tous dehors ! », prononcée juste avant le début du conclave pour ordonner à tous ceux qui ne sont pas cardinaux électeurs de quitter la Chapelle Sixtine.

Contexte liturgique : Cette formule est solennellement énoncée par le Maître des Célébrations Liturgiques Pontificales après la prière d’entrée. Elle marque le début du huis clos.

Exemple symbolique : Le extra omnes a une forte charge rituelle : c’est le moment où le monde est symboliquement laissé à l’extérieur, et où commence le discernement dans le secret et la prière.

Conclave

Définition : Le conclave est l’assemblée des cardinaux électeurs réunis pour élire un nouveau pape.

Étymologie : Du latin cum clave (« avec clé »), signifiant « enfermé à clé ». Ce terme exprime la mise à l’écart volontaire des cardinaux, enfermés sans contact extérieur.

Fonctionnement : Le conclave débute généralement 15 jours après la vacance du siège. Il se tient dans la Chapelle Sixtine. Les cardinaux y votent jusqu’à ce qu’un candidat obtienne les deux tiers des suffrages.

Exemple contemporain : Le conclave de 2013, après la renonciation de Benoît XVI, a vu l’élection du pape François au 5e scrutin, après deux jours de délibérations.

Chambre des larmes

Définition : Surnom donné à la sacristie adjacente à la Chapelle Sixtine où le nouveau pape se retire juste après son élection, avant de se présenter au monde.

Origine du nom : Ce nom imagé évoque les larmes que le nouvel élu peut verser devant le poids de sa charge, entre bouleversement personnel, humilité et responsabilité.

Usage concret : Dans cette pièce, le nouveau pontife revêt pour la première fois la soutane blanche pontificale. Des tenues de plusieurs tailles y sont préparées à l’avance, pour convenir à la morphologie du nouvel élu.

Exemple vécu : Lors de son élection, le pape Jean XXIII y aurait fondu en larmes, selon les témoins. Benoît XVI s’y est rendu en silence, profondément recueilli.

Habemus papam !

Définition : Formule latine signifiant « Nous avons un pape », utilisée pour annoncer au monde l’élection du nouveau pontife.

Annonce publique : Le cardinal protodiacre, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, utilise cette expression pour révéler le nom et le prénom de baptême du nouveau pape, ainsi que le nom qu’il a choisi.

Texte exact :
Annuntio vobis gaudium magnum : habemus Papam ! Eminentissimum ac Reverendissimum Dominum, Dominum [prénom en latin] Sanctae Romanae Ecclesiae Cardinalem [nom en latin], qui sibi nomen imposuit [nom pontifical].

Exemple marquant : Le 13 mars 2013, le cardinal Tauran prononce cette formule pour annoncer l’élection du cardinal Jorge Mario Bergoglio, devenu le pape François.

Nomen

Définition : Terme latin pour « nom », utilisé ici pour désigner le nouveau nom que prend le pape élu.

Importance symbolique : Le choix du nomen est un acte hautement symbolique. Il traduit souvent une orientation spirituelle, une inspiration ou une référence.

Exemples significatifs :

  • Jean-Paul Ier a choisi son nom en hommage à ses deux prédécesseurs immédiats.
  • François a choisi ce nom en référence à saint François d’Assise, exprimant son attachement à la pauvreté et à la paix.

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