La formation veut permettre aux frères de se qualifier et de vivre libres pour l’annonce de l’Évangile. Premier responsable de sa formation, le frère apprend à se laisser visiter et déplacer par l’exigence de l’Évangile. Il passe au creuset de l’étude, de la solitude et de la prière, dans une vie commune.
Le noviciat
Le noviciat correspond à la première année passée dans une communauté dominicaine. Il dure au minimum un an. Initié à la vie religieuse, le frère n’apprend pas seulement un savoir, mais un mode d’être, un esprit et une tradition, avec lesquels il se familiarise. Avec ses frères de noviciat, il perçoit comment les dominicains s’ancrent en Dieu tout en restant attentifs au monde. Pour cela, durant cette première année, une place toute particulière est faite à la prière et à la Parole de Dieu (par l’apprentissage de la lectio divina), afin de la connaître et pour entendre à quelle conversion le frère est appelé. La vie commune prend également une place toute particulière : l’engagement dans la communauté par des responsabilités, la prière commune et la fraternité concrète, permettent au frère de mesurer les richesses et les difficultés de la vie fraternelle. La première année est un temps de retrait par rapport aux activités ordinaires (emploi, relations, etc.), durant laquelle les frères novices commencent à étudier et à mener une vie apostolique pour asseoir leur vocation dominicaine. À la fin du noviciat, un discernement mutuel permet au frère et à la communauté qui accueille le noviciat, de décider librement un engagement plus durable. Le frère fait alors profession simple (un engagement pour trois ans).
La formation à Lyon puis à Fribourg
Après le noviciat, l’initiation à la vie dominicaine se poursuit à travers l’étude académique. Le frère novice devient alors « frère étudiant ». Tout comme saint Dominique et ses premiers frères ont constitué des communautés fraternelles de vie commune, de prière et d’étude, en vue de la prédication, frères étudiants et formateurs mènent aujourd’hui une vie semblable et forment une même communauté. Le couvent de Lyon accueille les étudiants de la Province dominicaine de France. Les frères étudiants suivent les cours de philosophie, théologie, exégèse, histoire, langues… à la faculté de théologie de Lyon. Au terme des trois ans passés à Lyon, le frère peut faire profession solennelle (c’est-à-dire définitive) ou renouveler sa profession simple. Il part alors au couvent de Fribourg pour achever en deux ans son premier diplôme de théologie (dit « baccalauréat canonique »).
En même temps qu’il avance dans l’étude, le frère progresse dans son intégration au sein de l’Ordre. Au terme des vœux simples, il peut demander à s’engager définitivement dans l’Ordre par la profession solennelle. Cette demande est accueillie et évaluée par la communauté, les formateurs et, en dernier ressort, le provincial. Une fois la profession solennelle prononcée, le frère aura définitivement choisi son statut au sein de l’Ordre : frère coopérateur ou frère clerc. S’il a fait profession comme frère clerc, il pourra être appelé par le provincial à se présenter devant l’évêque pour être ordonné prêtre, après avoir obtenu son baccalauréat canonique. Six mois auparavant, au minimum, il aura été ordonné diacre. L’étude et l’intégration de la vie religieuse – par la profession solennelle et les ordinations – sont distinguées, mais elles marquent deux étapes constitutives de la formation initiale.
Une formation initiale adaptée à chacun
Pour honorer les capacités de chacun, la formation est adaptée. Il y a un tronc commun de formation religieuse, spirituelle, théologique et humaine, proposé à tous. Par la suite, les uns continuent des études universitaires, les autres suivent une formation moins théorique et plus pratique.
Le projet de la formation qui suit le noviciat ne vise pas à faire entrer les frères dans un moule, loin de là. Chacun arrive avec des acquis. Il s’agit d’offrir aux frères une structure qui leur permette d’honorer les exigences de la vie dominicaine tout en déployant leurs talents propres. Au terme de la formation, un frère professeur de théologie sera dominicain au même titre qu’un frère éducateur de rue. Les deux auront les mêmes réflexes évangéliques, mais ils se manifesteront différemment selon leurs capacités, leurs intérêts et les demandes qui leur seront faites. Le premier pourra entreprendre de longues études, le second pourra suivre un cursus plus court, mais tous deux se retrouveront au chœur, dans la vie commune, au chapitre… Ils seront animés par une même question : comment faire entendre au monde que, oui, l’Évangile est une bonne nouvelle, une annonce vivifiante ? Les deux auront la même place pleine et entière dans la communauté. Chacun est appelé à répondre au même appel du Christ, avec sa personnalité singulière et ses talents propres.
Les formations professionnelles
L’ordre dominicain veut se mettre au service de l’Église dans sa mission de prédication pour annoncer l’Évangile. Pour cela, les frères exercent des activités très différentes, qui dépendent de leurs compétences propres, du lieu où ils sont assignés ou des besoins de leur communauté… Pour devenir dominicain, il faut bien sûr entrer en philosophie et théologie. Néanmoins, d’autres formations sont aussi envisageables, afin d’acquérir des compétences professionnelles dans un domaine qui corresponde aux dons de chacun et qui soit utile à la mission de l’Ordre. Plusieurs frères exercent un métier profane pour accomplir leur vocation de prédication dans un milieu spécifique, fût-elle discrète. Par exemple : journaliste, réalisateur, biologiste, maître de chœur, peintre, etc. La formation professionnelle ne remplace pas la formation théologique et spirituelle que tout frère reçoit pendant les premières années de vie religieuse. Ce type de formation n’est pas défini à l’avance et suppose un discernement commun. Un engagement professionnel doit permettre au frère de répondre pleinement à sa vocation religieuse et missionnaire, en s’inspirant de la foi de l’Église et du dynamisme de l’Ordre des Prêcheurs.