Moi, frère (N.), je fais profession et je promets obéissance à Dieu et à la bienheureuse Marie, et [je promets] à toi, frère (N.), prieur de ce couvent, qui représentes le frère (N.), maître de l’Ordre des Prêcheurs, ainsi que ses successeurs, selon la règle de saint Augustin et les Institutions des Frères de l’Ordre des Prêcheurs, que je te serai obéissant, ainsi qu’à tes successeurs, jusqu’à la mort.
(Formule de la profession solennelle à la vie dominicaine.)
Lorsque un frère fait profession dans l’Ordre dominicain, il s’engage aux trois vœux d’obéissance, de chasteté et de pauvreté. Mais il n’en prononce qu’un seul : le vœu d’obéissance. Cela signifie que lorsqu’il promet obéissance entre les mains du Maître de l’Ordre, c’est dans le cadre de constitutions. Ces constitutions s’imposent à tous les frères, provinciaux et Maître de l’Ordre compris. Elles prévoient bien sûr, entre autres, le respect des deux autres vœux.
Il n’empêche que ce raccourci peut paraître étonnant ! D’autant qu’« obéissants » n’est pas forcément le qualificatif qui vient le plus spontanément à l’esprit quand on pense « dominicains »…
L’obéissance dominicaine n’a de fait pas grand-chose à voir avec la soumission servile à la volonté d’un supérieur. Elle est autrement plus complexe et exigeante. Elle ne peut se penser en dehors de sa dimension communautaire et requiert le consentement intérieur du frère. Sinon elle reste vaine.
Mais, si nos vies de frères dominicains ne sont pas habitées en profondeur par un esprit d’obéissance, elles pourront bien avoir toutes les apparences d’une vie religieuse, il en manquera un élément essentiel : la liberté. Cette liberté imprenable qui naît de la disponibilité intérieure de celui qui, un jour, a vraiment décidé d’aimer ce qu’il fait plutôt que de sans cesse chercher à faire ce qu’il aime. Et qui sait pour Qui il a pris cette décision.