Appelés à la fraternité
Le frère coopérateur est un témoin prophétique des aspects essentiels de notre vocation commune de frères prêcheurs. Il représente le caractère fraternel de notre vocation. Ensuite, il nous rappelle le fondement de notre vie apostolique, c’est-à-dire notre baptême. La profession religieuse s’inscrit dans sa perspective et se vérifie dans notre manière de vivre ensemble. Le frère coopérateur nous rappelle que nous devons créer des communautés qui contemplent la Parole et partagent la miséricorde. Le frère apporte une contribution essentielle au caractère particulier de notre vie communautaire, en la renforçant dans la fraternité, le service mutuel et la douceur.
« Prêcher à tous, partout et par tous les moyens »
La pratique de saint Dominique est un modèle permanent pour l’identité et la mission du frère coopérateur. À son exemple, il démontre sa créativité en apportant la miséricorde de Dieu à ceux qui sont loin de la foi. Par sa prédication, il console et redonne espoir. Il ouvre un nouveau chemin vers la conversion. Notre Ordre tout entier promeut cette vocation et s’attache à la renouveler.
Pourquoi frère « coopérateur » ?
Nous utilisons l’adjectif « coopérateur » pour signifier la participation du frère à la mission de prédication de l’Ordre. En effet, saint Dominique, à l’écoute du Christ, a donné cette mission à tous les membres de son Ordre, frères, sœurs et laïcs. Pour cette mission, les compétences de tous sont nécessaires ! Ensuite, ce terme souligne la contribution des frères coopérateurs à la vie de leurs communautés. Ils collaborent avec les frères ordonnés et ont des ministères internes.
Les études du frère coopérateur
Les frères coopérateurs arrivent souvent dans l’Ordre avec une compétence ou un talent particulier, qu’ils sont appelés à cultiver. Néanmoins, ils suivent aussi des études de théologie, pour leur intégration dans l’Ordre et parce qu’elle font partie de notre spiritualité. Ainsi, le début de la formation initiale est identique pour tous les frères, avant qu’ils se spécialisent dans un domaine particulier.
Des frères coopérateurs célèbres
Le frère coopérateur ne recherche pas sa propre gloire mais la gloire de Dieu ! Néanmoins, certains sont devenus très célèbres. On peut citer par exemple le frère saint Martin de Porrès. Mulâtre au Pérou au XVIe siècle, il était en charge de la vie matérielle de son couvent. Mais le souci de la vie quotidienne ne l’empêchait pas d’être très attentif aux pauvres et d’édifier ses frères par sa sagesse.
Un peu d’histoire
D’après Les Frères Prêcheurs, autrement dit Dominicains, de Guy Bedouelle et Alain Quilici.
L’origine
Après le Concile Vatican II, les frères convers dominicains ont reçu dans les constitutions, et sans l’avoir tellement demandé, le nom de coopérateurs, qui valorise peut-être plus leur participation active à l’annonce de la Parole de Dieu. Mais ces frères ont toujours existé. Le premier groupe que Dominique envoya à Paris, avec son propre frère de sang, Manès, comprenait un convers appelé Odier ou Othier, d’origine normande. On ne sait guère ce qu’il fit ni où il mourut, mais il fut le premier.
Une vocation discrète
L’importance attachée par saint Dominique à l’institution des convers est attestée par la déposition de frère Jean de Navarre, qui fut lui aussi de l’expédition vers Paris, au procès de canonisation. Dès le chapitre de 1220, les Constitutions dominicaines adoptent une dernière section : la règle des frères convers. La règle stipule que leur habit est distinct de celui des « chanoines ». Ils ne portent pas la chape noir, mais un scapulaire long et large. Ce dernier n’est pas blanc comme la tunique, mais couleur foncée, probablement en raison des travaux salissants qu’ils sont amenés à accomplir.
On comprend qu’il n’est pas facile, et presque par définition, de faire l’histoire de ces frères. En effet, leur vocation est plutôt celle du service silencieux. On pourrait les comparer à ces poutres invisibles ou ces piliers souterrains. Ils permettent à une communauté, à une maison, de se tenir debout sans qu’on voie très bien à qui on est redevable de ce miracle quotidien. Un des leurs, qui est leur historien trop discret, parle avec humour « des frères convers pris en flagrant délit de vie dominicaine« .
Beauté, communauté et charité
Cette vocation du service, heureusement pour l’historien, laisse parfois des traces de lumière matérielles ou spirituelles. Il peut ainsi en distinguer trois grandes manières de se mettre au service : la beauté, la communauté et la charité. Ces traces attestent l’importance, parfois sous-estimée, toujours difficile à discerner, de ceux qui, dans l’Ordre dominicain, portent cette vocation.
Pour aller plus, consulter les pp. 322-329 du même livre. Voir aussi Dominican Brothers: Conversi, Lay, and Cooperator Friars, Augustine Thompson. Ce livre retrace l’histoire des frères coopérateurs dans l’Ordre des frères prêcheurs.