Comme tout chrétien, même si c’est sous un mode particulier, nous recherchons par toute notre vie la Vérité. Mais cette vérité n’est pas une idée, c’est le Christ lui-même qui s’est incarné pour venir jusqu’à nous. Atteindre la vérité impose donc d’accepter la pédagogie divine, qui nous saisit, là où nous sommes, avec toute la douceur de sa miséricorde.

Il est attribué à Dominique un titre qui résonne avec beaucoup de force pour un frère prêcheur : praedicator gratiae. Ce qui signifie « prêcheur de la grâce ».
Cela s’entend sans doute mieux en latin qu’en français, car le mot de « grâce » est tellement dense et riche qu’il en devient presque impénétrable dans son sens. Que veut dire « grâce » dans « prêcheur de la grâce » ? Le sens profane, simple, du mot « grâce », c’est d’abord « faire grâce ». Un homme a été condamné à mort en raison d’un crime et voilà qu’on lui fait grâce. Il vivra.

Un prêcheur de la grâce est donc un prédicateur dont la parole fait grâce, dont la parole libère et donne vie à tous ceux qui la reçoive. Elle tend la main. Elle remet debout sur un chemin de conversion.

Saint Dominique, praedicator gratiae, est un homme encore dont toute la présence rendait la vie plus joyeuse et légère à ceux qui le rencontraient. Sa présence était, comme Marie, « pleine de grâce ». Elle avait la douceur de l’amitié. Le frère Jourdain, qui lui a succédé à la tête de l’Ordre des prêcheurs, disait ainsi de lui : « il accueillait tout le monde au cœur de son amitié et comme il aimait tout le monde tout le monde l’aimait. »

Voilà qui éclaire aussi la parole de Dominique, sa prédication.

Notons l’insistance sur le « tout le monde », qui revient ici par trois fois. Le souci de tout le monde, du salut de tous est un trait par excellence de l’apôtre, qui se fait « tout à tous », en vrai témoin du Christ mort et ressuscité pour tous. « Se faire tout à tous », la formule est de saint Paul (1ère Lettre aux Corinthiens, chapitre 9, verset 22) et nous savons que saint Dominique a vécu dans les lettres de saint Paul. Elles furent pour lui une école de la grâce où sa parole de prêcheur s’est formée.

Nous n’avons pas gardé les prédications de Dominique, mais, sur la foi de ces quelques indices, nous avons une belle idée de sa prédication. Et de ce que peut être la miséricorde à son école.